Irak : message de fermeté après la première réunion du nouveau gouvernement
Au lendemain de l'investiture de son gouvernement, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a voulu imposer un discours de fermeté face aux attentats à répétition qui touchent le pays. Rien qu'à Bagdad, dimanche, 20 personnes ont été tuées et 63 blessées, dans plusieurs attaques.
A la sortie de son premier conseil des ministres, M. Al-Maliki a assuré qu'il userait de la "force maximale" contre les rebelles et afin de rétablir la pleine autorité des forces gouvernementales. "Seul le gouvernement doit être autorisé à posséder des armes. Les milices, les escadrons de la mort, le terrorisme, les meurtres et les assassinats ne sont pas normaux et nous devons supprimer les milices", a insisté Maliki. Il maintient toutefois son offre de dialogue aux insurgés qui déposeraient les armes.
Par ailleurs, le chef du gouvernement irakien a indiqué qu'il espérait pouvoir désigner dans un délai de deux ou trois jours les titulaires aux postes de ministre de l'intérieur et ministre de la défense, que se disputent encore les différents partis politiques.
Aux yeux des médias irakiens, la formation du nouveau gouvernement constitue "une victoire historique" pour Al-Bayan, le journal du parti chiite Dawa - dont est issu le premier ministre - qui poursuit : "Le peuple irakien a écrit hier une nouvelle page de son histoire politique, quand le Parlement a voté pour le premier gouvernement permanent depuis la chute du régime de Saddam Hussein".
Mais comme le souligne le journal indépendant Al-Madah, "le gouvernement doit s'élever au-dessus des intérêts étroits des partis politiques et des affiliations religieuses, afin de travailler comme une seuleéquipe" . De même Taakhi, l'organe de presse du Parti démocratique du Kurdistan, reste prudent : "C'est une grande étape dans la construction du nouvel Irak, mais le gouvernement doit maintenant répondre à de grandes responsabilités et à de grands défis, dont le premier est la sécurité, qui n'a pas été résolu par le précédent gouvernement de Ibrahim Jaafari". Al-Adala, le quotidien du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII, principal parti chiite), souligne "ce qui est important pour les Irakiens, ce n'est pas d'avoir un nouveau gouvernement, c'est ce qu'il va faire sur le terrain. Il doit commencer tout de suite, dès le premier jour, à prendre ses responsabilités, car le peuple irakien attend avec impatience de recueillir le fruit de ses sacrifices".
Sur la scène internationale, le président américain George W. Bush a appelé dimanche les dirigeants irakiens pour les féliciter de la formation d'un gouvernement qui représente selon lui une "défaite dévastatrice" pour Al-Qaïda. Interrogée sur la nouvelle équipe gouvernementale, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a elle aussi assuré que le nouveau gouvernement serait capable "de très bonnes choses".
Source : WWW.LEMONDE.FR | 21.05.06