Irak : les troupes britanniques pourraient se retirer en 2006
e président irakien, Jalal Talabani, et le ministre britannique de la défense, John Reid, ont tout deux évoqué, dimanche 13 novembre, un possible retrait destroupes britanniques d'Irak à partir de 2006.
"Nous ne voulons pas que les troupes britanniques restent pour toujours en Irak. D'ici un an, je pense à la fin de 2006, les troupes irakiennes seront prêtes à remplacer les forces britanniques au sud" du pays, a estimé le président irakien dans une interview accordée à la chaîne de télévision ITV. Un discours relayé par le conseiller à la sécurité nationale irakien Mouaffak al-Roubaïe qui a affirmé dimanche au Caire que plus de 30 000 des quelque 160 000 soldats étrangers présents en Irak se retireraient de ce pays d'ici la mi-2006.
M. Reid a pour sa part estimé que le début du retrait des quelque 8 000 soldats britanniques en Irak, pour la plupart stationnés dans le secteur de Bassora, pourrait commencer "au cours de l'année prochaine". Les propos de M. Talibani sont "cohérents avec nos objectifs", a indiqué M. Reid dans un communiqué. "Comme je l'ai déjà régulièrement dit, nous resterons en Irak jusqu'à ce que le travail soit fait et les Irakiens capables d'assurer leur propre sécurité. Ce processus de transfert pourrait commencer au cours de l'année qui vient", a-t-il ajouté.
RETRAIT "GRADUEL" DEMANDÉ PAR BAGDAD
Déjà cette semaine, lors d'une visite à Rome, M. Talabani avait évoqué le départ possible des troupes internationales d'ici la fin 2006. "Je crois que fin 2006 nos forces seront en mesure de remplacer progressivement les forces internationales", avait-il expliqué. En septembre à Washington, il avait également évoqué la fin 2006 pour le début possible du retrait des quelque 140 000 troupes américaines en Irak.
Dimanche, il a cependant insisté sur la nécessité que ce retrait soit "graduel", et sur la "catastrophe" que serait un retrait prématuré. "Cela conduirait à une sorte de guerre civile et nous perdrions ce que nous avons fait pour libérer l'Irak de la pire sorte de dictature", a déclaré M. Talabani. "Au lieu d'avoir un Irak stable et démocratique, nous aurions une guerre civile et des troubles qui affecteraient tout le Proche Orient", a-t-il insisté.
PRUDENCE DE TONY BLAIR
La question du retrait des troupes britanniques – qui ont perdu 97 hommes depuis mars 2003 en Irak – revient régulièrement sur le devant de la scène au Royaume-Uni, où l'opinion publique a de tout temps été majoritairement contre l'intervention de ses troupes en Irak.Selon les sondages, 57% des Britanniques souhaitent ce retrait, et 51% veulent une date précise.
Le premier ministre Tony Blair se contente pour l'instant de répéter que son pays restera en Irak aussi longtemps que nécessaire, mais pas plus. "Nous ne partirons pas. Nous ne nous enfuirons pas, nous resterons aussi longtemps que le gouvernement irakien le veut", avait-il ainsi déclaré le 6 octobre, lors d'une visite à Londres de M. Talabani.
Dans cette optique, les élections législatives du 15 décembre en Irak apparaissent capitales pour Londres. "Après les élections de décembre, si tout se passe bien, il y aura un gouvernement souverain, élu de manière démocratique pour la première fois", avait également déclaré M. Blair. "Ils nous diront alors ce qu'il faut faire et quand partir".
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